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jeudi 18 août 2011

"La quête du soi", lecinema.ca

Avec peu de moyens, beaucoup de patience et l'aide de plusieurs festivals, Sur la trace d'Igor Rizzi arrive à se frayer un chemin au Québec. Même si le nombre de salles est extrêmement limité, c'est une grande victoire pour son réalisateur Noël Mitrani.

L'amour est la principale locomotion de ce drame de mœurs aux nombreuses trouvailles désopilantes. Recherchant toujours l'aura de la femme de sa vie (Isabelle Blais), Jean-Marc (Laurent Lucas) débarque à Montréal avec une identité assez chancelante. Entre des vols et des escapades nocturnes, il se laisse convaincre par un comparse (Pierre-Luc Brillant) d'assassiner un individu répondant au nom d'Igor Rizzi. Tout cela pour un peu d'argent qui lui permettra de payer le loyer. En l'espace de quelques journées, ses valeurs se modifieront grandement. Il faut avouer qu'un cadavre et un policier exigeant (Emmanuel Bilodeau) joueront un rôle non négligeable dans ces changements drastiques.

Les références sont légion chez ce premier film de Noël Mitrani. Il y a bien entendu Gus Van Sant et son fameux naturalisme. Montréal devient un personnage à part entière et elle est montrée dans son plus simple appareil. Les lieux connus sont multiples et son ombre englobe rapidement l'action pour ne devenir qu'un. Une symbiose qui fera marcher énormément le protagoniste, un leitmotiv donnant la place à plusieurs plans séquences habiles et ingénieux à travers une ville surprenante.

La filiation avec le cinéma des frères Coen est également évidente. D'emblée, impossible de ne pas songer à Fargo. La neige rédemptrice, le froid ambiant, un meurtre qui s'annonce gratuit : la même folie créatrice envahit les répliques et les situations. Cette absurdité fera rire une parcelle des spectateurs prête à s'abandonner à un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Ce Jean-Marc qui se met les pieds dans les plats, n'est-ce pas un vague cousin d'un certain « Dude » de The Big Lebowsky? Sa psyché est toujours décalée, sa psychologie n'est définie que par les mêmes éléments et ses réactions complètement imprévisibles le rendent presque culte. Pour l'incarner, impossible de trouver mieux que Laurent Lucas, remarquable acteur qui semble parfait dans toutes les situations.

La narration extra lucide qui n'est pas toujours en phase avec les images peut laisser songeur et cette technique particulière n'arrive pas toujours à modeler parfaitement le film. Il y a des longueurs, des répétitions, des personnages mal développés et des détours un peu trop évidents. Le rôle de l'amour et du destin est mignon, il ne va pourtant pas très loin. Le manque de fini émane à quelques endroits et c'est ce qui rend Sur la trace d'Igor Rizzi si sympathique. De nombreuses imperfections subjuguées par une musique toujours bien adaptée et un féroce humour subtil qui fait autant rire que réfléchir. Une belle petite expérience québécoise.

Par Martin Gignac

http://www.lecinema.ca/critique/1221/

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